Secteur technologique : les investissements sous pression, l’activité stagne
La récession persiste dans l’industrie manufacturière, l’ICT enregistre sa croissance la plus faible depuis 2014

La technologie belge est-elle enfin en train de sortir de la crise? Selon le dernier baromètre conjoncturel de la fédération technologique Agoria, ce n’est pas encore le cas.
«Le point le plus bas du creux de la vague est peut-être derrière nous après une année 2024 catastrophique, marquée par les fermetures d’Audi et de Van Hool, mais il nous semble encore trop tôt pour parler d’une reprise structurelle. L’activité a diminué et de nombreux emplois ont à nouveau disparu. Il est urgent de relancer le moteur des investissements pour renouer avec la croissance. La pression réglementaire, les coûts salariaux et les coûts énergétiques doivent baisser drastiquement, afin que le niveau des investissements puisse augmenter à nouveau. Nous demandons au gouvernement fédéral de ne pas toucher aux aides aux entreprises pour la recherche et le développement, qui sont cruciales pour l'industrie. Des réformes et des économies sont nécessaires, mais réduire les dépenses en matière d'innovation, qui constitue le fondement de la croissance future, serait une grave erreur », déclare Bart Steukers, CEO d’Agoria.
Le centre d’études d’Agoria a analysé cinq indicateurs liés à l’activité et cinq autres liés à l’emploi dans le secteur technologique — qui comprend l’industrie manufacturière technologique et le secteur ICT — et compare cet état des lieux à celui d’un an plus tôt. Les indicateurs reçoivent ensuite une évaluation allant de vert (positif/favorable) à orange (stable/neutre) et rouge (négatif/défavorable).

L’activité s’essouffle, près de 9.000 emplois perdus
Le baromètre conjoncturel 2025 montre quelques signaux orange, mais nous sommes encore loin du vert. Le chiffre d'affaires du secteur technologique belge a chuté de 0,5 % sous la barre du zéro tandis que la part de marché, les carnets de commandes et la confiance des entrepreneurs du secteur stagnent. Dans l’industrie technologique manufacturière, la récession ne semble pas encore terminée. Dans le secteur ICT, les chiffres sont certes légèrement positifs, mais il s’agit des taux de croissance les plus faibles depuis 2014.
En ce qui concerne l’emploi, près de 9.000 postes dans l’industrie technologique ont disparu au cours des douze derniers mois, dont plus de 6.550 dans l’industrie manufacturière et 2.350 dans les TIC. Parallèlement, le nombre de postes vacants reste structurellement élevé et le secteur peine encore à les pourvoir. Seul point positif : le nombre d’emplois perdus à la suite de restructurations et de faillites est resté bien en dessous de la moyenne historique, après une année record marquée par les fermetures d’Audi, Van Hool et BelGan.
Les investissements dans les entreprises technologiques belges ont reculé de 9,9 % au premier semestre. Pour l’ensemble de l’économie belge, la baisse est de 1,9 %.
“Nous devons continuer à marteler les mêmes points : la pression réglementaire, le coût du travail et le coût de l’énergie doivent baisser drastiquement si nous voulons relancer le moteur de l’investissement. Les récentes annonces d’investissements d’Amazon et de Google sont très positives et même bienvenues - de belles hirondelles américaines - mais j’aimerais aussi voir des hirondelles européennes et belges avant de parler d’un nouveau printemps”, déclare Bart Steukers.
Pas d’économies sur la recherche et le développement
Notre recommandation politique majeure est claire : ne changeons pas ce qui fonctionne bien. “Nous faisons partie du top mondial en matière de recherche et développement, notamment grâce à une fiscalité qui l’encourage. Ce soutien à l’innovation est d’une importance capitale pour notre industrie et doit absolument être maintenu. C’est l’un des plus grands atouts de notre pays, un investissement intelligent dans l’avenir qui rapporte au centuple. Y couper maintenant serait une grave erreur.”
Des réformes indispensables
“Le gouvernement fédéral négocie aujourd’hui des réformes indispensables pour garantir notre prospérité pour les 10, 20, voire 50 prochaines années. Ce défi immense nécessite des efforts budgétaires considérables et des réformes du marché du travail. Ces efforts sont nécessaires et doivent être mis en œuvre rapidement. Le niveau d’ambition et l’urgence pourraient même être beaucoup plus élevés. L’avenir de notre industrie et de notre économie est en jeu. Renforcer notre compétitivité et relancer le moteur de l’investissement est la seule voie vers la croissance”, conclut Bart Steukers.
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Sarah Godard