Agoria: « L'industrie belge de la défense et de la sécurité devrait doubler et pourrait créer 8 000 emplois. »
Selon les calculs d'Agoria, l'industrie belge de la défense pourrait au moins doubler au cours des huit prochaines années. C'est ce qui ressort d'une analyse publiée aujourd'hui par la fédération technologique.

L'Europe, et la Belgique en particulier, doivent faire des efforts considérables pour augmenter leurs investissements en matière de défense dans les mois et les années à venir. À première vue, il s'agit d'un défi de taille, mais ces investissements profiteront également aux citoyens et aux entreprises. Si l'industrie belge de la défense suit la tendance de croissance attendue au niveau mondial, elle pourrait doubler de taille dans les huit prochaines années, a calculé le service d’étude d'Agoria : « Nous aurons ainsi notre propre industrie de la défense, proche et plus forte, qui non seulement assure la stabilité et la sécurité qui sont à la base de toute notre société et de notre économie, mais crée également des emplois et de la valeur ajoutée pour notre pays et nous ancre sur la scène internationale ». L'ambition devrait être de croître encore plus vite que la moyenne internationale », déclare Pascal Acket, Business Group Leader et expert en défense chez Agoria - BSDI (Belgian Security & Defence Industry).

Pour que l'industrie belge de la défense puisse réaliser cette ambition, quelques défis doivent être relevés, selon Pascal Acket. À commencer par l'image du secteur : « Les gens voient encore trop peu l'industrie de la défense comme des entreprises qui fabriquent des produits essentiels pour notre sécurité. C'est aussi le cas dans le monde financier : les banques ne sont toujours pas ouvertes à l'octroi de prêts aux entreprises de défense, malgré l'évolution de la situation géopolitique. Pourtant, elles en ont cruellement besoin pour les investissements importants qu'elles doivent réaliser aujourd'hui pour se développer et faire face à la concurrence internationale. En outre, il est urgent de mettre en place un cadre d'exportation et de transit plus fluide et juridiquement sûr, qui est aujourd'hui souvent beaucoup plus strict que dans d'autres pays européens ».
Des centaines d’entreprises, plus de 16.000 emplois directs
Mais quelle est la taille du secteur belge de la défense ?
- Si l'on ne considère que les fournisseurs directs de biens et de services militaires aux forces armées, il s'agit de plus de 80 entreprises, qui représentent un chiffre d'affaires annuel de 2 milliards d'euros et 5 000 emplois directs.
- Autour de ces entreprises gravite un écosystème beaucoup plus large : dans l'ensemble de l'industrie technologique, l'industrie de la défense et de la sécurité compte 511 entreprises. Celles-ci réalisent un chiffre d'affaires de 4 milliards d'euros et fournissent aujourd'hui plus de 13 000 emplois directs, et autant d'emplois indirects, principalement dans les services.
- Enfin, si l'on considère toutes les entreprises et organisations belges qui se décrivent comme « une organisation ayant des activités de défense », les chiffres passent à un total de 892 entreprises, avec un chiffre d'affaires de 5 milliards d'euros et 16 300 emplois directs issus de ces activités de défense, ont calculé les chercheurs du BEPIDS.
Si l'industrie de la défense et de la sécurité parvient à doubler de taille, elle pourrait également créer jusqu'à plus de 4 000 emplois directs dans le même mouvement, et 4 000 autres indirects, estime le service d'études d'Agoria.
Technologies : de l'aviation à la cybersécurité en passant par les gilets pare-balles
Le secteur belge de la défense et de la sécurité est extrêmement diversifié. Si l'on examine la répartition par nombre d'emplois, les trois catégories les plus importantes se distinguent : les systèmes d'armes, les munitions et les véhicules terrestres représentent 28 % des emplois, suivis des services numériques et de la cybersécurité avec 20 % et de l'aérospatiale avec 16 %. Mais l'industrie de la défense et de la sécurité est bien plus vaste que cela : elle est suivie par l'électronique (par exemple les capteurs et les viseurs nocturnes ou thermiques) avec 10 %, les technologies aérospatiales, la mécanique et les drones, les matériaux (composites, métaux et textiles tels que les gilets pare-balles), chacun avec 5 %. Un large groupe d'autres entreprises représente encore les 11 % d'emplois restants. On y trouve, entre autres, des centres de recherche, des systèmes de lutte contre les mines sous-marines et des systèmes de formation et de simulation.

De plus grandes entreprises en Wallonie, autant d'emplois dans les deux Régions
Le nombre d'emplois est réparti de manière égale entre la Flandre et la Wallonie, avec 44 % chacune. Bruxelles fournit les 12% restants. En ce qui concerne le nombre d'entreprises, un peu plus d'un tiers (36%) se trouve en Wallonie et plus de la moitié (53%) en Flandre. Les entreprises wallonnes de défense sont donc en moyenne beaucoup plus grandes que les entreprises flamandes. En termes d'activités, les entreprises de défense wallonnes sont principalement actives dans l'aérospatiale et les produits militaires et de défense « classiques », tandis que les entreprises flamandes se concentrent sur un large éventail de technologies, sans mettre l'accent sur un ou quelques secteurs. À Bruxelles, l'aérospatiale est particulièrement dominante, tout comme la cybersécurité. « Nous devons construire un écosystème de défense belge sur la base de ce que nous avons déjà aujourd'hui, où les grandes entreprises de défense 'classiques' et les nombreuses petites entreprises technologiques se complètent et se renforcent mutuellement. C'est ainsi que nous pourrons revendiquer notre place au niveau international », déclare Pascal Acket.

Principalement des PME
Les trois quarts des entreprises de défense et de sécurité de l'industrie technologique belge comptent moins de 50 salariés. Les 23 % suivants comptent entre 51 et 250 salariés. Seules 4 % d'entre elles comptent plus de 250 travailleurs. L'industrie de la défense et de la sécurité est donc principalement composée de PME. « On oublie parfois qu'à côté des grands acteurs, il y a aussi un grand nombre de PME dans le secteur de la défense et de la sécurité. Pour elles, les procédures complexes de passation de marchés, les autorisations de sécurité et les licences d'exportation constituent de sérieux obstacles. Et l'accès difficile au financement leur joue également des tours », explique Pascal Acket.

Exportation : la moitié vers les grands pays voisins
Plus des deux tiers de la production des entreprises de défense sont destinés à l’exportation. 71,3 % sont destinés à l'Europe, 12 % à l'Amérique du Nord et 11,7 % à l'Asie. Les principaux partenaires d'exportation de l'industrie belge de la défense sont ses principaux voisins : la France représente 17,5 % des exportations, le Royaume-Uni et l'Allemagne respectivement 15,2 % et 14,9 %. Ensemble, ils représentent donc la moitié de toutes les exportations de défense belges.

Une vision plus large de la défense s’impose
« L'opinion du grand public sur la défense et l'industrie de la défense évolue, mais pas encore assez rapidement. Avec Agoria-BSDI, nous appelons à considérer la sécurité comme le fondement de notre économie. Une prospérité durable et stable repose avant tout sur la sécurité. Les entreprises de défense contribuent à la construction de cette sécurité. Mais cela ne se limite pas à la défense et aux produits de défense : une grande partie de la technologie de sécurité a une application « civile », quotidienne, en plus d'une application militaire. C'est ce que nous appelons le « double usage ». Dans le passé, les innovations militaires nous ont déjà apporté l'ordinateur, l'internet, le GPS, les fours à micro-ondes et le ruban adhésif, par exemple. Une industrie de la défense en pleine croissance peut continuer à développer des innovations qui changeront notre monde dans les décennies à venir », conclut Pascal Acket.
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Jan Gatz