La croissance continue dans l’industrie technologique
Agoria: « Le handicap salarial se réduit, le handicap fiscal augmente »
L’industrie technologique dans notre pays va connaître une croissance de 2 % en 2016, c’est ce qui ressort des prévisions d’Agoria, la fédération des entreprises technologiques. « Les mesures gouvernementales pour réduire le handicap salarial soutiennent la croissance, et cela stimule la création d’emplois et les investissements. Les entreprises technologiques envisagent d’ailleurs de recruter 1.500 personnes supplémentaires cette année, » affirme Marc Lambotte, CEO d’Agoria. « Mais cette reprise est encore fragile. L’économie mondiale est sous pression. » De plus, les attaques de l’Europe vis-à-vis du système d’imposition belge menacent d’aggraver notre handicap fiscal. Agoria demande un cadre fiscal stable et soutient de ce fait la proposition du ministre Van Overtveldt de réduire l’impôt des sociétés à 20 pour cent. Nous devons offrir à toutes les entreprises la possibilité de choisir entre un système compétitif avec des possibilités de déductions ou un tarif réduit de 20 pour cent. »
L’industrie technologique a clôturé 2015 avec un taux de croissance modeste de 0,5 %. Après des années 2013 et 2014 difficiles, 2015 marque le début de la reprise. Une reprise qui va se confirmer cette année (+ 2 %) et apporter avec elle, pour la première fois depuis 2012, une hausse des emplois (+ 1.500 emplois). Tous les secteurs s’attendent à des chiffres de croissance positifs, selon les prévisions d’Agoria.
Nouveaux emplois ET investissements
Les mesures du gouvernement ont commencé à porter leurs fruits et permettent à nouveau à notre pays de se faire remarquer par les investisseurs internationaux. Et cette confiance se reflète dans les attentes en matière d’investissements : « La croissance des investissements en 2015 (+ 5 %) se confirme cette année, » explique Marc Lambotte. « Les entreprises technologiques vont investir 2 milliards d’euros en 2016. Ce sont principalement des entreprises de l’industrie automobile, des materials technology et de l’aéronautique qui ont investi l’année dernière. En 2016, l’industrie automobile continue à investir de manière significative. Les producteurs de machines ont également des projets d’investissements. »
Agoria insiste sur la nécessité de supprimer notre handicap salarial de 12,5 %. « Cette année, nous pourrons continuer sur notre lancée à condition de maintenir nos efforts. La réduction du handicap salarial n’est en effet pas un sprint, mais bien un marathon, » assure Marc Lambotte. « Le fait que l’Allemagne ait moins contrôlé ses salaires l’année dernière nous a rendu service. Mais ne nous imaginons pas qu’elle refera la même erreur. »
À côté de la modération salariale, une plus grande flexibilité peut également nous permettre de réduire notre handicap salarial vis-à-vis des pays voisins. Agoria pense notamment à l’élargissement du système du ‘plus minus conto’, qui existe déjà dans le secteur automobile, à d’autre secteurs. « Une amélioration de notre compétitivité permettra de créer 10.000 emplois supplémentaires dans l’industrie technologique d’ici 2020. » La fédération des entreprises technologiques espère donc que le gouvernement et les partenaires sociaux feront le choix de la création d’emplois en 2016 lors des négociations autour des dossiers tels que la modernisation de la loi de 1996 sur la compétitivité ou la flexibilité du marché du travail.
À la recherche d’un cadre fiscal stable
Si nous voulons aller plus loin dans les créations d’emplois, faire en sorte que la tendance positive de ces derniers mois se maintienne et attirer les investisseurs, notamment étrangers, nous devons offrir aux entreprises une vision claire de l’avenir, c’est-à-dire un cadre fiscal stable, en particulier concernant l’impôt des sociétés. Le taux d’imposition des sociétés en Belgique est en effet plus élevé que dans la moyenne des pays de l’Union européenne. La pression fiscale élevée constitue, avec le handicap salarial, un frein important aux investissements.
« Notre pays est malheureusement connu non seulement pour son handicap salarial mais aussi pour son handicap fiscal. Pour réduire l’impôt des sociétés trop élevé, les gouvernements précédents ont travaillé sur les possibilités de déductions. Le fait que ces déductions, comme par exemple les excess profit rulings, soient actuellement dans la ligne de mire de l’Europe, menace d’accentuer le handicap fiscal et sont sources d’incertitude, » déplore Marc Lambotte. Agoria soutient donc la proposition du ministre Van Overtveldt de réduire le taux d’imposition des sociétés. « Nous devons offrir à toutes les entreprises la possibilité de choisir entre un système compétitif avec des possibilités de déductions ou un tarif réduit de 20 pour cent. »
Un impôt des sociétés plus bas, ce sont des emplois en plus
Une réduction de l’impôt des sociétés est de toute façon nécessaire et apportera plus d’emplois et plus d’investissements, comme cela a déjà été démontré dans des études de l’OCDE et du professeur Joep Konings de la KU Leuven. Chaque diminution d’un pour cent du taux d’imposition des sociétés entraine, uniquement dans les secteurs technologiques, la création de 600 emplois nouveaux. Agoria estime que la proposition du ministre des Finances pourrait amener la création de 3.000 emplois supplémentaires ainsi que 3 pour cent d’investissements supplémentaires dans l’industrie technologique belge.
Choisir entre plus ou moins d’emplois
« 2016 sera une année essentielle pour notre économie. Si nous pouvons continuer à améliorer notre compétitivité, cela sera bénéfique pour l’avenir de notre industrie. Par contre, si nous abandonnons la modération salariale et que nous nous retrouvons dans une incertitude fiscale, cela ne fonctionnera pas. La question est simple, elle consiste à choisir entre plus et moins d’emplois, » conclut Marc Lambotte.