'La Wallonie retrouvera son ADN historique en mariant numérique et industrie'

COMMUNIQUÉ DE PRESSE - 6 OCTOBRE 2020

Si la Wallonie en tant qu’institution politique fête ses quarante ans d’existence, cette année, l’his toire de la technologie en Région wallonne débute il y a beaucoup plus longtemps. Depuis le 16e siècle jusqu’au 19e siècle, la Wallonie a joué un rôle fondamental dans l’avènement de la révolution industrielle non seulement en captant et en sachant intégrer dans sa dynamique économique les avancées technologiques, mais aussi en étant capable d’attirer et de soutenir le développement de nouvelles technologies.

Durant les dernières décennies du XIXe et la première moitié du XXe siècle, des entrepreneurs ambitieux et résolument tournés vers l’avenir ont mis en place les conditions d’une modernisation sans précédent de l’industrie.

La figure marquante de ce mouvement est sans aucun doute l’industriel visionnaire William Cockerill qui, après avoir lancé la mécanisation des filatures de laine verviétoises, lance à Liège cette fois-ci des usines assurant la production industrielle de machines qui vont permettre à tous les secteurs wallons d’emboîter le pas de la révolution industrielle.

À cette époque la Wallonie devient non seulement le centre du monde économique, mais qui plus est son créateur. Car sans prétention et sans modestie, la Wallonie à cette époque dessinait les contours de ce que serait le monde de demain… une «Silicon Valley» avant l’heure! Pensons à Étienne Lenoir élaborant un moteur à explosion, Ernest Solvay arrivant à produire de manière industrielle de la soude ou encore Zénobe Gramme inventant la dynamo. On l’oublie souvent, mais sans ce Liégeois il n’y aurait tout simplement pas de production de masse de l’électricité… pensez-y lorsque vous allumez votre ordinateur! .

Dans la même veine, Julien Dulait crée une compagnie générale d’électricité. Sous le couvert d’une aventure industrielle incroyable, il va conquérir le monde avec les Ateliers de construction électrique de Charleroi: les Acec.

Cette génération de visionnaires, entrepreneurs et ingénieurs wallons étincelle littéralement aux quatre coins du monde. Georges Nagelmackers et sa Compagnie internationale des wagons-lits vont réduire les distances entre les continents. Nestor Martin exporte ses productions de fer et de cuivre jusqu’en Asie. Les industries verrières fondent des succursales aux États-Unis, Jean Jadot produit à tour de bras des centrales électriques, des tramways et des chemins de fer en Chine, et en même temps Édouard Empain réalise le métropolitain de Paris.

Tous ces succès reposent sur la longue tradition artisanale fleurissant en Wallonie depuis des siècles et une expertise technique qui a constitué le terreau fertile de la révolution industrielle. Le fameux «capital humain» dont on parle temps aujourd’hui.

L’exemple le plus frappant est sans aucun doute la création en 1888 de la Fabrique nationale qui, en se basant sur l’expertise artisanale qui s’épanouissait dans le bassin liégeois, a permis de jeter les bases d’une vraie industrie de la défense dont le savoir-faire reste encore aujourd’hui inégalé.

Décrochage industriel et renouveau technologique se succèdent

Cependant, dès le début des années» 50, la dynamique industrielle semble s’essouffler et des signes concrets d’une perte de vitesse de la Wallonie par rapport à ses voisins directs et lointains se font cruellement sentir. Habituée au sommet des classements, la Wallonie se fait peu à peu rattraper par ses concurrents qui apprennent à courir plus vite et qui grignotent progressivement les avancées économiques, techniques et industrielles wallonnes. Une évidence semble se profiler, mais n’arrive cependant pas à s’imposer: il faut moderniser l’appareil industriel si l’on veut rester dans la course. L’absence de réaction structurelle et sans doute un peu trop d’assurance, amènent à négliger les symptômes qui face à la mondialisation et la concurrence mondiale ne tardent pas à devenir de vraies maladies dont les conséquences sociales et économiques se sont traduites par des réorganisations importantes de tout le tissu industriel.

Depuis la fin des années 90, la Wallonie a souhaité reprendre son destin en main. C’est l’époque des Contrats d’avenir et des Plans Marshall successifs. La particularité de ces initiatives est de refaire de l’innovation et des développements technologiques le moteur de la croissance économique wallonne avec les pôles de compétitivité.

Néanmoins, si les décrochages wallons se sont arrêtés, nous sommes encore loin d’un véritable rattrapage économique par rapport au dynamisme économique flamand qui en comparaison apparaît presque insolent.

Pas le temps de se reposer

Le monde d’aujourd’hui est encore plus ouvert et mondialisé qu’avant, les technologies, et singulièrement la digitalisation des processus et des procédés, sont les éléments qui structurent désormais l’économie.

Dans ce contexte, la Wallonie doit aujourd’hui pleinement saisir ces opportunités. Compte tenu de la taille de l’économie wallonne, l’industrie n’a pas d’autre choix que d’exporter et d’innover pour perdurer. Internationalisation, digitalisation, innovation et capital humain sont véritablement le «carré magique» pour enraciner l’industrie sur le territoire wallon et permettre ainsi de semer une croissance réfléchie et partagée.

Ce «carré magique», ce n’est rien d’autre que l’ADN historique de la Wallonie. À l’aune de la situation inédite dans laquelle nous nous trouvons, et aux portes des discussions sur les plans de relance économique, nous sommes convaincus que la Wallonie peut à nouveau jouer en première catégorie et retrouver ainsi sa place d’acteur volontaire et entier du monde d’aujourd’hui.

Ce mariage entre industrie et digital a déjà démontré tout son potentiel en Wallonie et permettra, à travers les nouvelles technologies, d’apporter des solutions durables en matière de bien-être social et environnemental, de santé, d’énergie et de mobilité.

Le succès est à portée de bras. Nous l’avons prouvé par le passé, nous connaissons les ingrédients. À ceux déjà cités, nous y ajoutons peut-être encore l’attitude et la conviction que des milliers de jeunes wallonnes et wallons sont capables d’inventer et de développer des technologies intelligentes et de construire, chez nous, le monde demain.

Dominique Demonté


L’Echo, 6/10/20. Cet article est reproduit avec l'autorisation de l'editeur, tous droits réservés.

 

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