Le nombre d'emplois dans l'industrie technologique diminue pour la première fois en trois ans
Agoria appelle à une action urgente pour une industrie forte
24 octobre 2023 - Agoria, la fédération des entreprises technologiques, présente aujourd’hui son analyse de conjoncture et son mémorandum pour les élections 2024. L'état de l'industrie technologique montre qu'il y a eu une croissance au début de cette année, mais aussi un renversement de tendance inquiétant dans le nombre d'emplois et de postes vacants. C'est pourquoi Agoria demande instamment à tous les partis politiques d'accorder de l’attention à notre industrie au cours de cette législature et de la suivante et de prendre des mesures urgentes pour renforcer sa compétitivité.
Les chiffres de l'ONSS montrent que pour la première fois en 3 ans, le nombre d'emplois dans l'industrie technologique a diminué : -1.551 au deuxième trimestre 2023. Le nombre de postes vacants est également en baisse. Il s'agit de la plus forte baisse depuis le début de la crise du coronavirus. Si l'on regarde plus loin, il s'agit même, en dehors de la crise covid, de la première contraction en huit ans.
Bart Steukers, CEO d'Agoria : "Les mauvais signaux du secteur devraient réveiller nos dirigeants politiques. Même dans le secteur numérique, il y a aujourd'hui des pertes d'emploi. Ne soyons pas aveugles : il s'agit clairement des premiers nuages noirs d'une tempête qui s'abat sur l'industrie belge et européenne. Notre industrie technologique belge s'est bien comportée ces dernières années, mais elle est soumise à une forte pression, en particulier de la part de l'étranger. Nous devons oser avoir une vision à 10 ou 15 ans et ne pas nous contenter de maintenir notre position, mais la renforcer.”
Dans leurs récentes déclarations politiques, nos décideurs ont tenu de belles paroles pour notre industrie. Ils ont tous montré dans leur discours leur préoccupation pour la politique industrielle, mais cette dernière a besoin de mesures qui renforcent réellement notre position concurrentielle. Agoria apprécie cette attention, mais souhaite maintenant que des mesures soient prises rapidement. C’est pourquoi la fédération des entreprises technologiques formule une série de recommandations essentielles pour donner de l'oxygène à l'industrie technologique qui, avec plus de 328.000 emplois directs et autant d'emplois indirects, constitue le cœur de notre économie belge.
Les 3 recommandations les plus importantes pour une industrie technologique florissante
Coûts salariaux et compétitivité
- Le handicap de la Belgique en matière de coûts salariaux est passé de 9 % en 2021 à 14 % en 2023. L'indexation automatique des salaires, d'autant plus lorsqu'elle est combinée à l'inflation élevée que nous avons connue et connaîtrons encore pendant un certain temps, est une menace majeure pour notre compétitivité. Le prochain gouvernement devra en ajuster le mécanisme, en combinaison avec une révision de la loi sur les normes salariales. Nous devons nous orienter vers un système flexible qui permette de récompenser proportionnellement les travailleurs les plus performants et qui soit plus flexible.
- Dans l'attente d'une plus grande réforme, l'indexation automatique devrait au moins être plafonnée à court terme.
Éducation et marché du travail
- Devenir un des leaders européens en matière d'éducation et de formation afin de maximiser l’arrivée de candidats dans l'industrie technologique. Nous devons investir davantage dans les connaissances scientifiques et techniques afin de fournir à toutes nos entreprises, grandes et petites, suffisamment de talents dans les années à venir. Garantir des connaissances STEM et numériques de base dans l'éducation de chaque élève et étudiant.
- Si le recours aux flexijobs a été étendu, il sera limité à quelques secteurs. L'intention de miser sur la flexibilité est bonne, par exemple pour garder à bord un senior de 60 ans ou plus avec beaucoup d'expertise. Mais ne serait-il pas plus judicieux d'étendre immédiatement le système à toutes les entreprises et de les laisser décider elles-mêmes de proposer ou non des flexijobs ?
Recherche et développement
- Avec sa politique de recherche et de développement, la Belgique dispose d'un atout majeur. Il convient donc de conserver au maximum le système fiscal actuel de soutien à la recherche et au développement et de maintenir la norme de 3 % du PIB pour la recherche et le développement. Maintenons l'exonération du précompte professionnel pour les chercheurs, la déduction pour revenus d'innovation, la déduction pour investissement en R&D et rendons le statut d'expatrié à nouveau plus intéressant. Maintenons son accessibilité pour les start-ups et les PME.
- À court terme, il convient de combler l'écart important entre les textes législatifs relatifs à l'exonération du précompte professionnel pour la recherche et le développement et leur application par le fisc. Cette situation est source d'une grande incertitude pour les entreprises et il leur est difficile dans ces conditions d’yavoir recours. Nous avons besoin le plus rapidement possible d'un cadre avec des règles de base claires qui indiquent clairement, tant aux autorités fiscales qu'à nos entreprises, comment l'exonération peut être appliquée avec sécurité juridique et flexibilité.
"Nous sommes au coeur de trois transitions majeures : géopolitique, digitale et écologique. En tant qu'industrie technologique, nous pouvons jouer un rôle moteur dans ces trois transitions. Si nous obtenons suffisamment de soutien pour maintenir et renforcer notre position forte au niveau international, nous serons le moteur de la digitalisation et d’une croissance verte » conclut Bart Steukers.
Retrouvez toutes les recommandations du mémorandum d'Agoria pour les élections 2024, classées de manière pratique par thème ou par niveau politique, sur le site enroute2024.be.
Sarah Godard