Les investissements dans les télécoms battent des records et pourtant, la Belgique reste à la traîne en matière de fibre optique
Les opérateurs télécoms réclament des procédures d'autorisation simples et une coopération plus intense avec les communes
La Commission européenne publie aujourd'hui son rapport annuel Digital Decade (2025)1. La Belgique y est félicitée pour son rattrapage rapide en matière de 5G et sa position de leader en matière de gigabit fixe. Avec une couverture 5G de 97 %, la Belgique obtient désormais de meilleurs résultats que la moyenne européenne. Les réseaux gigabit fixes en Belgique ont une couverture de 96 %, soit 20 % de plus que la moyenne européenne. Mais nous restons à la traîne en ce qui concerne le déploiement de la fibre optique. C’est là, selon la Commission européenne, que nous devons intensifier nos efforts.
Ce rapport confirme les investissements massifs réalisés par le secteur belge des télécommunications ces dernières années. Les opérateurs télécoms ont investi un total de 2,74 milliards d'euros en 2024, soit un montant record équivalent à 32 % du chiffre d'affaires total du secteur de 8,64 milliards d'euros. C'est ce qui ressort des chiffres de l'IBPT (2) et des calculs de la fédération technologique Agoria (3). Cela signifie que le taux d'investissement est bien supérieur à la moyenne européenne d'environ 20%.
En 2024, les investissements ont principalement porté sur le déploiement de réseaux Gigabit durables et de la 5G pérennes.
- 1,71 milliard d'euros en Gigabit fixe et fibre
- 460 millions d'euros de réseaux mobiles 5G
- 540 millions d'euros d'autres investissements
Évolution des investissements dans les télécommunications en Belgique 2020-2024

La vitesse de déploiement de la fibre sous pression en raison d'obstacles locaux
« Avec des chantiers dans plus de 200 communes, il s'agit du plus grand projet d'infrastructure en Belgique après l'Oosterweel. Aujourd’hui, le déploiement de cette infrastructure numérique correspond aux investissements dans nos infrastructures routières d’il y a 100 ans, » déclare Danny Goderis, Business Group Leader Telecom chez Agoria. « La couverture fibre en Belgique a presque doublé en deux ans, passant de 17 % à 31 %. C'est une belle réussite, mais nous sommes encore loin de la moyenne de l'UE de 63 % (4). » Les opérateurs investissent massivement, mais se heurtent souvent à des procédures d'autorisation complexes et à des charges fiscales telles que les redevances locales. Résultat : des projets programmés sont régulièrement bloqués. Les équipes et les ressources sont prêtes, mais les projets sont mis à l’arrêt en raison de retards administratifs.
« L'ampleur des chantiers est inédite, ce qui pose évidemment des défis. Citoyens, communes et opérateurs sont confrontés à la difficile réalité de notre structure communale,» explique Danny Goderis. «Il ne faut pas oublier qu'en Belgique, nous avons beaucoup d’aménagements urbains linéaires, souvent sur des surfaces dures, et donc plus difficiles à ouvrir. C'est une grande différence avec d'autres pays européens. Cela occasionne plus de nuisances et le coût moyen de la fibre optique en Belgique est deux fois plus élevé qu'en France, et 40 % plus élevé qu'aux Pays-Bas (5). Les opérateurs sont plus que jamais engagés à travailler avec toutes les parties prenantes pour limiter au maximum les désagréments pour les citoyens, mais les taxes locales telles que les redevances ne sont vraiment plus soutenables.
Coopération entre tous les acteurs pour limiter les perturbations et dynamiser les réseaux de fibre optique
Les opérateurs veulent trouver des solutions réalistes en collaboration avec les autorités locales. Ils s'engagent à respecter toutes les législations et règles existantes, telles que le code Nuts, et à faire tout leur possible pour garantir le respect de l'espace public. Les opérateurs reconnaissent qu'une communication claire avec les communes et les habitants est la pierre angulaire d'un déploiement respectueux de la fibre. En outre, des discussions sont en cours entre les opérateurs, l'Autorité belge de la concurrence (ABC) et le régulateur IBPT afin de créer un cadre favorisant une meilleure coopération entre les opérateurs. Ces discussions pourraient donner une impulsion significative au déploiement de la fibre optique dans notre pays.
Nous vivons une décennie d'investissements sans précédent dans les infrastructures numériques. Ces investissements dans la nouvelle génération de réseaux gigabit sont nécessaires pour ramener notre pays en tête du peloton européen et pour répondre à la demande croissante de données par les citoyens. En 2024, l'utilisation moyenne sur le réseau fixe a culminé à 298 Go par mois et par connexion. Il s'agit d'un nouveau record : le double du niveau pré-covid de 2019. Les ménages et les entreprises consomment de plus en plus de données par le biais du télétravail, du streaming, des solutions cloud et des applications d'IA. « Les télécommunications sont le système nerveux de notre économie et de notre société. Chaque ménage qui diffuse du contenu ou travaille à domicile, chaque PME qui se développe numériquement, chaque guichet gouvernemental qui fonctionne en ligne : tout repose sur des réseaux fiables et rapides », explique Danny Goderis. « C'est pourquoi le secteur des télécommunications fait tout ce qui est en son pouvoir pour rendre ce déploiement possible et nous invitons tout le monde à se joindre à nous pour mener à bien ce GIGA projet d'investissement."
Références
(1)EU Digital Decade (2025) report
(2) Rapport annuel 2024 de l'IBPT
(3)Connect Europe – state of digital communications 2025
(5) Audition de Proximus au Parlement fédéral, 26 novembre 2024. Source : Wolfgang Briglauer & Michal Grajek